CUDS et SubPorno : culture post-porn au Chili

15 oct 2010 - collectifs post-porno

Quel est l’évènement marquant de cet été? Pour certainEs du crew c’est les UEEH à Marseille! Parmi les innombrables choses qui constituent l’univers des UEEH et dont il serait bandant d’écrire quelques lignes, voici un retour sur mon cum shot lors de l’atelier le plus jouissif sur la post porn animé par Delphine. Lors de sa présentation elle nous fait découvrir le groupe CUDS (coordinadora universitaria por la disidencia sexual) basé à Santiago et qui se définit comme groupe d’inspiration « post-feministe post-identitaire et anti-hétéronorme ». Au Chili, pays conservateur où les principales associations LGBT se concentrent sur la demande d’égalité des droits (mariage homosexuel) et sur la prévention-sida (orgas MUMS et Movimiento de Liberación Homosexual, MOVILH), la CUDS se présente comme une alternative radicale au discours normalisateur. La CUDS préfère le terme de « dissidents sexuels » à celui de Queer qui représente une importation des occidentaux et n’en fait donc pas l’usage.

Peu nombreux mais très actifs les activistes de la CUDS – parallèlement à leurs réflexions et travaux sur la théorie queer, féministe et dégenrée – multiplient ateliers et performances abordant des questions sociales et politiques sur un mode parodique et politico-ludique. On découvre ainsi leur fausse campagne électorale avec un faux candidat pédé aux élections municipales;les ateliers drag king / queen / dégenréEs; un match de footballeurEUSEs travestiEs; du détournement des outils ménagers en gadgets sexuels par des « femmes au foyer » lors de la journée de la femme au Chili; une relecture post-porn et SM des pratiques de torture qui ont été réalisées pendant la période de dictature militaire; etc.

CUDS et le jeune collectif SubPorno travaillent ensemble sur l’atelier postporno, un projet audiovisuel construit comme un laboratoire de la résistance pornographique. A un niveau militant le groupe s’inspire principalement de la scène post-porn espagnole comme pornoterrorismo, Post-Op, Generatech, etc.

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Tous les workshops sont ouvert à tous et sont construits de façon à ne pas faire de distinctions entre ceux qui organisent et ceux qui participent. À l’atelier « pubis sauvage », tout le monde est mis au même niveau. Ainsi, le journaliste qui vient en curieux, se fout lui aussi à poil et l’anthropologue, plutôt que planqué derrière sa posture d’observateur, finit dans la boue!

Sur une petite série de films fait à la DIY touch, CUDS_SubPorno s’engage dans la réappropriation trans-pédé-gouine du Bullying (quand tout le monde se fout de ta gueule au collège).

L’idée des films est de reprendre l’aspect traumatisant du Bullying et de le retourner en empowerment.

Ces activités sont financées en grande partie par des lesbiennes de NY. Des fonds très utiles pour acheter un vagin en latex par exemple!

La vidéo Wena Cisarro! de CUDS_SubPorno, mélange deux histoires médiatiques au Chili: la figure du jeune de 10 ans Cisarro, arrêté pour délinquance et pour s’être échappé du foyer pour jeunes, et connu pour sa résistance à la police; l’autre concerne « la petite fille immorale » Wena Naty, une adolescente qui a été filmée à son insu entrain de sucer un garçon: le film mis sur internet par le garçon a conduit la fille à se faire virer de son école.

La vidéo, où Cisarro est filmé à son insu entrain de sucer le vagin en latex de Naty, est une relecture féministe et post porn de ces affaires traitées par les médias chiliens conservateurs qui construisent une figure d’adolescent en crise « qu’on ne contrôle plus », avec des discours chargés de pathologisation de criminalisation et de dé-sexualisation de l’adolescence.

En guise de critique de ces normes sexuelles, la vidéo « Esto te pasa por hétero » nous montre comment un jeune «hétérosexuel», caché dans un casier de son école, est surpris par un groupe de voyous transformistxs, queers, lesbiens et gays: il sera obligé de sucer la bite en plastique-batte de baseball d’une gouine et de prendre du plaisir de façon douloureuse, en subissant l’interrogatoire de son hétérosexualité. Le film se présente comme « une orgie de violence, de fluides et de plaisir extrême! »

Au cours de l’atelier au UEEH nous échangeons sur l’expérience de la post-porn comme processus autocritique au sein d’un collectif. Au regard de ce travail, Delphine nous explique qu’à l’inverse de l’improvisation mise en avant dans les ateliers suivants, la construction de mini-scénarios peut donner quelque chose de moins spontané : « Ce peut être maladroit, on peut voire des hésitations mais on s’en fout! ».

La porn est un espace d’expression et de critique vis-à vis des constructions hégémoniques de la sexualité mais la longue route du post-porn commence aussi et d’abord par le feed back et l’autocritique.

JB

NDLR: la dernière vidéo du collectif SubPorno, « Esto es Chile » est visible sur leur blog, http://subporno.blogspot.com/. Une punkette et un dildo en forme de Chili pour une dénonciation postporno très caliente du nationalisme qui bat son plein en cette année de bicentenaire de l’indépendance chilienne.

Le site de la CUDS, www.disidenciasexual.cl, est une mine d’articles théoriques et journalistiques sur la dissidence sexuelle au Chili et ailleurs.

Fabrique et customise ton pisse-debout

13 nov 2009 - c'qui nous fait bander

fabrique ton pisse-deboutSamedi  7 novembre, dans le cadre du festival Ô Mots organisé par les Flamands Roses, les Strapettes se sont fait de nouveaux ami·e·s au J’En Suis, J’Y Reste, 19 rue de Condé à Lille. L’atelier auquel nous avons assisté, proposé par Stéph, consistait à fabriquer nous-mêmes des pisse-debout à partir de cintres en plastique : des fonctionnels, et d’autres plus funky!

Pendant cet après-midi de bricolage accompagné de café et de gâteau au chocolat, nous avons beaucoup discuté tou·te·s ensemble autour de cet objet afin de commencer à nous l’approprier…

Outre la possibilité d’écrire son prénom dans la neige (pour les plus souples), le pisse-debout permet de ne plus faire la queue aux chiottes des « dames » et  donc de remettre en question la crème à récurer du système binaire des genres qui organise l’espace public et se trouve banalisé dans les toilettes. C’est d’ailleurs pour faire bouger ces représentations que Coco Riot, dans son projet Gender Poo, recouvre murs et portes de chiottes de ses centaines de pictogrammes de tous genres.

Retournons à la pissotière… alors, plutôt main droite ou main gauche pour tenir son pisse-debout? Dans tous les cas, il est conseillé de le placer entre les jambes, vers l’avant, bien calé contre son périnée, et de s’adonner fièrement à l’acte politique et jouissif de pisser dans son pisse debout!

Et c’est encore mieux dans la rue… le résultat en images!

Culture Touf, le workshop !

24 oct 2009 - culture touf

Workshop Culture Touf - Turn On 2009

Pendant Turn*On, l’évènement organisé par Artivistic à Montréal les 15, 16 et 17 Octobre 2009, nous avons eu l’occasion de donner une dimension encore plus sexy au projet Culture Touf ! Alors qu’il s’agissait jusque là simplement d’un appel à participation en ligne à une expo de to(u)fs collective et itinérante (voir notre galerie de toufs), Culture Touf se décline désormais en version workshop !

Workshop Culture Touf - Turn On Montreal 2009

Le QG de Turn*On a ainsi accueilli, le temps d’une après-midi magnifiquement ensoleillée, une gang de Culture Touffeur-euse-s plein-e-s d’imagination. La bonne humeur régnait dans la Nudy Room pour ce premier atelier, et l’émulation collective faisait plaisir à voir autour des moult petits accessoires, de la super photographe et de la bassine d’eau savonneuse…

A la fois ludique et sexy, l’atmosphère était complètement décontractée… Le soleil derrière les vitres diffusait dans la pièce une douce chaleur propice à l’abandon des vêtements et a aidé, sans doute, tous ces poils à surgir, pleins d’envie et d’humour…

Workshop Culture Touf - Turn On Montreal 16 Octobre 2009

Merci beaucoup à tou-te-s les Culture Touffeur-euse-s de ce workshop et d’ailleurs, qui nous ont donné ou envoyé leurs photos depuis le début de ce (road)trip touf… L’expo grandit, s’embellit, et nourrit l’imaginaire des personnes qui la croisent.

Nous espérons donc que vous nous rejoindrez, lors du prochain Culture Touf collectif, dimanche 25 Octobre 2009 à Bruxelles Congrès, dans le cadre du festival Pink Screens !

Artivistic Turn*On

05 oct 2009 - evenements

Turn On Artivistic Montreal 2009Dans quelques jours, les Strapettes vont jouer THE porn live act audio vidéo et scénique outre-Atlantique !! Nous sommes très excité·e·s de pouvoir présenter  Strap-on dildoS au programme du festival TURN*ON Artivistic.

Le programme compte plus de 50 projets portés par une trentaine de collectifs et d’artistes multimédia, parmi lesquel·le·s Art of Failure, Maria Llopis (ex Girls Who Like Porno), Dyke Rivers, Elle Mehrmand et Micha Cardenas (aka DJ Lotu5 / Azdel Slade), De Geuzen, Katrien Jacobs, Annie Abrahams, Shu Lea Chang, etc, etc. Nous vous invitons donc à consulter la (looongue) liste complète des participant·e·s et des projets ponctuels et continus sur le site http://artivistic.org/fr.

Arrivé·e·s à Montréal au terme de longues longues journées de préparatifs (ou bien n’était-ce qu’une seule  et même journée, à l’image de l’ensoleillement fixe au-dessus des nuages derrière les hublots?) après avoir créé un véritable happening dans l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, à base de valises, caisses, Doc Martens, bière Chimay et gâteaux secs…

Bref, voilà notre petite bande de strapettes bien installé·e·s à Montréal, pour un évènement participatif au cours duquel chacun·e (intevenant·e·s attendu·e·s des 4 coins du globe et spectat·eur·ice·s de passage) est invité·e à s’impliquer pour mettre des idées en action de façon D.I.Y, ou plutôt Do It Together, au travers d’infra-crews et de projets collectifs tout au long des 3 jours, en plus des expos, conférences et performances programmées:

Pour sa quatrième édition, Artivistic vous propose trois jours de concentra(c)tion. Elle devient lubrique, lascive. Du 15 au 17 octobre 2009, Artivistic invite les participant.es à réimaginer et à se questionner sur les proxémies du sexe, de la technologie et du politique. Nous voulons mettre de l’avant la force du plaisir, les hardiesses de la curiosité, la puissance du désir, l’ardeur de l’humour.

Prenons le pouvoir, et de nos constats, tirons des gestes. TURNons*ON les expériences lassantes, empoussiérée par l’habitude, inséminons les vides d’imaginaires creusés par des générations et des générations d’éducation cloisonnant les genres et emprisonnant nos pratiques sexuelles.

4 Strapettes et 1 Artivistienne à CKUT - En Profondeur Evidemment, ce type d’initiative et d’évènement n’est pas tellement plébiscité par les institutions à l’heure actuelle, et une grande partie des demandes de financement ayant pour but de défrayer les artistes venant d’autres pays ont été rejetées, notamment celle déposée au consulat général de France à Montréal pour la venue des participant·e·s français·e·s. Pour en savoir plus sur les moyens d’auto-financement mis en place, et notamment sur la caisse de solidarité « peer2peer funding » qui vous permettra de faire un don pour aider Artivistic à boucler son budget, rendez-vous sur la rubrique Financement du site Artivistic.org.

Nous essaierons de communiquer très bientôt plus d’infos et des photos de notre séjour. Et dès aujourd’hui, à 17h heure locale (donc 23h heure française), retrouvez-nous sur les ondes de radio CKUT pour l’émission « En Profondeur » spécialement consacrée à Turn*On avec Sophie du collectif Artivistic, retransmise en direct sur http://ckut.ca !

Un grand merci à Blandine, l’animatrice de l’émission, une Plotte des Femmes Ont Faim, grâce à qui vous pouvez également écouter l’émission ici-même :

Sextoys D.I.Y (Godes save the queer)

09 sept 2009 - c'qui nous fait bander

Lors du séminaire Fuck My Brain du 22 janvier, il a été question de godemichés dans l’amphi de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales… Un objet parmi d’autres dans la boîte à outils queer où chacun ajoute ses propres trésors au fil des séances F**K My Brain…

Le gang des Strapettes a proposé pour l’occasion une lecture du gode comme objet d’articulation théorique et plastique. Il s’agissait d’aborder en quelques points l’utilisation performative du gode par différents collectifs, pour re-penser la definition du gode dans une multiplicité de pratiques, et tout particulièrement dans des pratiques sexo-ludiques!

- Les premiers à manipuler du gode bien confortablement dans leurs calbutes sont les Drag Kings et la plupart des FTM. Les Kings opèrent un déplacement des codes de la masculinité par le biais de la performance de genre, notamment en dénaturalisant la bite avec le packing. Il y a de multiples façons de faire de la réappropriation, mais dans tous les cas ce n’est pas « la bite qui fait le moine« .

- Quant à certains collectifs de sexperts (parmi lesquels Annie Sprinkle fait figure de référence), ils réinventent le sex toys et initient de nouvelles formes d’utilisations en combattent les normes sexuelles:

Logo SexyShockles Sexyshock, engagés dans une manipulation des technologies et de l’érotisme, organisent des ateliers de création de sextoys D.I.Y. dans toute l’Europe. Les participant-e-s à ces ateliers de Bricolage Sexuel peuvent ainsi fabriquer le gode de leurs rêves, adapté à leurs pratiques (vibrant ou pas, par exemple) et personnalisé. Faites-vous votre propre idée en regardant cette vidéo des ateliers de Betty, malheureusement dispensés seulement en italien :

Ces travaux combinent l’appropriation de la pornographie et l’éthique des hackers dans des pratiques de détournement d’ustensiles électro-ménagers transformés en gadgets sexuels par exemple.

Nous avions également repéré récemment un atelier godemiché culinaire proposé par ScumGrrrls à Bruxelles dans le cadre des 12 Heures avec King Kong Théorie organisées par la Bellone. Si vous y avez participé, n’hésitez pas à nous raconter votre expérience en commentaire!

kitchen-workers

- Les PornoLab à Madrid vont encore plus loin avec leur atelier Black&Sepia (un jeux de mots sur Black&Decker avec « Sepia », la seiche en espagnol) et déconnectent la représentation du gode de la forme phallique, puisque leur recette consiste à faire chauffer un calamar au micro-ondes avant de le planter sur une visseuse-dévisseuse électrique. Notez que l’extremité de la seiche s’adapte à toutes les mèches !

les fruits de mer inspirent également d'autres pratiquesD’ailleurs, les fruits de mer inspirent apparemment d’autres pratiques (sexo-ludiques ?)… comme en témoigne cette photo de Katrine Neoromantika. D’autres très belles photos sont à découvrir sur sa page perso (en russe) avec beaucoup de travaux sur des corps sexués.

Enfin, pour vos bricolages personnels, quelques ressources :

hack.it.artPornolabBricolaje Sexual

Expo Culture Touf

30 juil 2009 - culture touf

Merci à tous les culture touffeurs, grâce à vous, une  belle expo de vos TOUFS tourne avec NOUS! Cliquez ici pour admirer la collection !

Nous vous invitons à continuer à nous envoyer vos créations d’été parce que la rentrée 2009 / 2010 va payer ses Toufs à l’internationale! Et n’oubliez pas que le projet est mixte! Tous les détails ici…

Première expo à Lille à la soirée SEX TOYS & ROCK’N'ROLL le 1er Mai:

soirée Sex Toys & Rock'n Roll

Aux Chattes Hurlantes le 30 Mai, à Rennes, c’est Gaëtane à la perceuse :

Expo Culture Touf à Rennes

GWLP

21 mai 2008 - collectifs post-porno

GWLP
Les Girls Who Like Porno sont un collectif de Barcelone qui offre une vision de leur propre pornographie et de leur propre sexualité. Les GWLP revendiquent un porno DIY contre la pornographie industrielle qui fige des stéréotypes et des clichés sexistes. Le site !

PornoLab

21 mai 2008 - collectifs post-porno

PornoLab revendique la révolution de l’imagination pornographique et organise des rencontres de recherche et de création de pornotopies (les utopies porno) c’est-à-dire des zones d’expression pornographique libre, avec l’humour comme principal outil.

Pour en savoir plus, voir notre article sur http://politechnicart.free.fr/index.php/PornoLab et bien sûr le site de PornoLab.